le Témoin-Bs-As; la suite

Raconter les répétitions c'est déjà effacer l'émotion. Celle de la découverte de chacun devant l'importance de la tâche. C'est aussi banaliser chaque geste, chaque réplique, chaque mouvement qui se donne, se transmet d'un danseur à l'autre. Les jours s'enchainent à la vitesse de la lumière. Une lumière artificielle qui éclaire nos journées. Quand nous sortons à sept heures, la nuit tombe. C'est l'hiver austral. Et pendant que sous le Colón, des danseurs s'apprivoisent, qu'une danse se crée, dehors les étudiants et les enseignants protestent leur désir d'apprendre dans de meilleurs conditions. Les vies se juxtaposent, certaines s'ignorent, certaines se désirent, d'autres apprennent à se connaitre.

                   

Les danses sont apprises. j'entends pas là qu'à ce jour toutes les grands mouvements du Témoin sont entrés dans les corps, dans les corps à corps. Pourtant cela ne correspond pas à grand chose de dire ça. Il reste le plus beau à faire. Le chemin de l'artiste. Ce temps qui fait que chacun fait sien le rôle. Chacun fait d'un apprentissage une partie de vie propre. Il faudrait que chaque scène soit jouée pour la première fois, que rien ne soit jamais appris, qu'il n'y ait que du vécu. Chaque rencontre est une surprise, chaque touché une exploration.

Il faut jouer de la qualité et des couleurs, des nuances. Il est parfois plus facile de s'emporter dans la colère que d'alléger une danse sensible, aérienne, soutenue. Le lieu se donne, nous l'habitons entièrement, il devient ville, chambre ou champs de fuite. Le groupe se soude. Il y a ceux qui s'acharnent, ceux qui comprennent le sens et ragent de ne pas pouvoir le laisser filer dans un corps qui n'a pas trouver le fil. Il y a ceux qui trouvent sans chercher, qui tombent dans une exactitude du sens. La danse parle, elle se donne, se freine, se rétracte parfois.

Voici qu'il nous reste dix jours. les dix jours qui vont transformer notre histoire en une œuvre chorégraphique.