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d'une danse rebelle et passionnée
25 novembre 2013

Texane et Coquelicots

La question du répertoire se pose et ne se repose pas. Elle se pose et s’impose, lancinante, comme les impitoyables réminiscences d’un passé. Passé : syndrome de notre temps, assemblage de trucs et de choses qu’on appellent souvenirs et racines, traditions ou fondement … assemblés, plus ou moins bien ficelés en une pyramide qui tremble souvent au moindre coup de sirocco ou de blizzard (dépend où l’on se place, Nord ou Sud, Aquilon ou Zéphyr). Dans cet assemblage hétéroclite de nos réalités passées se dressent parfois certaines pierres, certains évènements plus radicaux que d’autres. Éléments (on pense aux quatre ! eau terre  feu air) résistant à l’espace et au temps — ou plutôt bravant l’espace et le temps.

Coquelicots-1

 Bravoure, hum !! Je ne sais si le mot tient la route, mais je le tente. En tout état de cause ces éléments-là défient le temps.

                                                       TEXANE 1

Je reviens à la danse pour qu’on y comprenne quelque chose. Certaines œuvres sont de ces éléments-là. Je ne m’aventurerai pas à en citer ne serait-ce qu’une seule parce que ce n’est pas là mon rôle, mais chaque chorégraphe, chaque écrivain, metteur en scène et sculpteur de vie tient en ses mains quelque pièce maitresse qui saillit hors du lot . Il n’est pas certain d'ailleurs que l’auteur ait la possibilité de décider de lui ou d’elle-même laquelle de ses œuvres marquera son temps. L’œuvre dépasse son créateur comme le disciple s’éloigne de son maitre tout en en gardant l’empreinte, la puissance et l’amitié. Toutes ces métaphores pour en arriver à Texane et Les Coquelicots Sauvages.

 

Reprise d’un destin en route depuis 1988 pour l’une, reprise d’une route presque sans destin depuis 2001 pour l’autre. Texane  a eu une vie pleine de routes et d’avions, de scènes et de d’autres scènes, de mains qui claquent dans d’autres mains claquantes. Texane a reçue des palmes et des prix, des distinctions, des critiques dithyrambiques et Texane a vécue. Peut-être même Texane a vieilli ; qu’en sais-je ? Je ne la regarde et ne la sniffe que de l’intérieur. Pas de recul ! Texane me semble être comme un phare planté, puissante indétrônable, œuvre de son temps et marquée comme telle, à ressentir comme telle. Inamovible malgré ses rides et ses interprètes qui changent. Aujourd’hui même ils changent de sexe, de trois filles nous passons à deux filles et un garçon. L’œuvre accepte, s’adapte et s’accorde avec délice à ce tour de passe-passe. Et elle reprend la route, une route faite de public et de rideaux qui s’ouvrent c’est toujours le plaisir qui s’annonce.

Texane 

Et puis retour sur les Coquelicots Sauvages. Une surprise autant pour eux —les Coquelicots—  que pour nous. Cette pièce jamais oubliée mais un peu enterrée, n’a pas reçu les distinctions de Texane. C’est bien dommage, elle est hors temps ; Moins marquée, parce que plus jeune me direz-vous ! Pas certain je répondrais ; pas certain, Folie qui a le même âge que Texane à quelques jours près marque moins dans sa forme, dans sa puissance, dans sa musique, dans sa geste le poids des années. Et Les Coquelicots Sauvages et bien, de sauvages qu’ils sont ne se livrent pas au griffes de la mode avec autant de facilité.

 

Coquelicots-4

On retrouve une pièce profonde, emballée donc au galop. Une pièce qui s’enfonce dans les méandres du créateur, du romantique. Une pièce faite d’un bloc et d’une multitude de subtilités oscillantes et vacillantes. Entre l’amour et la création et l’amour de la création, de la recherche, de cet état d’être où nous plonge l’état, entre passion et liberté, entre désir et impossible en sexualité et possible. Tous les possibles s’assemblent et ne se ressemblent pas.

 

À écouter et entendre les personnes qui avait vu la pièce en 2001 et qui la retrouve maintenant, on sourit. De la chorégraphie ils ne se souviennent de rien, et pourtant rien n’a changé, de l’énergie ils disent retrouver l’envol et l’engouement, et plus encore la hargne de vivre peut-être, le dévorant et son contraire. La pièce est la même et elle est autre. Comprenez cet oxymore comme une permanence de la danse ; être le même et toujours un autre. Les interprètes ont permuté et là aussi on a changé une femme en homme, courtoisement nous dirons que Sand et Musset jouxtent Verlaine et Rimbaud. Les gestes et les musiques, les pas, les sauts, les attrapés, les courses enivrantes et l’ivresse des sens est celle d’aujourd’hui. Peut-être en avons nous encore plus besoin en ces temps de récession idéologique ; En ces heures folles où l’on voit des groupes fanatisés refuser l’amour à d’autres sous prétexte d’une sexualité qui ne leur plait pas, où l’on entend des personnes pourtant censées être importantes débiter des horreurs sur les autres sous prétexte de leurs origines ou de leur couleur de peau ou de leur religion, où l’on s’aperçoit que racisme, homophobie, intolérance et négationnisme se taille une large part dans les mentalités.

 

Alors peut-être pour les autres (vous j’espère) ceux et celles qui refusent cette mauvaise inclination du jour laisse vibrer leur attirance, leur tentation, laisse percer l’attrait  qui se dessine, plus patent encore, pour cette autre vision de la vie. Celle des auteurs, poètes, amoureux de la nature humaine, de la nature profonde, de l’humanité insondée, des recoins de nos êtres encore rebelle à l’idiotie. Peut-être pour cela certaines œuvres résistent et résisteront encore au temps.

Parce qu’elle sont intemporelles.

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