Texane

Reprendre, redonner, redire et refaire, est-ce que cela nous mène(ra) à la vérité ? Cette vérité crue qui sortait des tripes des danseurs à la création en 1988 (oui, oui j'ai bien écrit 1988), transit immédiat d'une pièce culte —et démente—  sortie de la tête de Claude. Comment être au temps présent ce qui se répète du temps passé. Répéter et redire tout en étant là. Véritable oxymore, quadrature d'un cercle jamais bouclé. Être sans jouer ! C'est écrit, c'est la même pièce, ce n'est plus la même, je ne suis plus le même puisque le temps passé à fait de moi ce que je suis devenu aujourd'hui.

Arg ! S'attacher à être libre, s'extirper de la chorégraphie pour ne plus donner que l'essence profonde d'un geste qui représente. Qui représente ? Mais alors s'il est représentation, est-il encore sincérité ? Où est la limite entre illusion et mensonge? Donner l'impression de ? Mais alors là encore je ne suis plus véritable puisque je suis dans l'impression. La distance.

Avec la reprise d'une pièce de répertoire la question devient brûlante, pénétrante et jusqu'à douloureuse. Jusqu'à redondante, lancinante. Foncer dans le mur de nos impossibilités pour le défoncer et l'abattre, un autre derrière encore un autre et appeler ça vivre.

25 ans ça fait un temps, ça laisse une trace, indélébile, le corps se tend, s'arc-boute à son souvenir alors que ce souvenir même le trompe. Tout souvenir est déjà à peine évoqué le germe d'une tromperie. Le souvenir d’une pièce, d'une émotion, d'un temps, d'un toucher, d'une odeur qu'est-il sinon la tromperie d'un esprit qui fabrique le sens. En danse ça donne quoi ?

Il faudrait danser aujourd'hui sans hier et sans demain, sans formation, sans répétition, sans apprêt, sans colorant, sans fioriture, sans lavage de cerveau ni de costume ni de mouvement. Danser le vivant pur. Être un danseur d'énergie pure, c'est à dire non trafiquée.

Et pourtant nous sommes formés, nous sommes écrasés par le bien faire, le faire plaisir, le vouloir plaire, le professionnalisme intransigeant. Écrasés ! Se relever et

                                                    Oser !

Texane photo Jean-Jacques Brumachon (1988)

P.. mais qu'est-ce qu'on était tarés et véritables et sans concession, et directs et dingues et dansant. Vraiment dansant; Danseurs de la vie, de ce qui se voit de ce qui est derrière dedans, à travers. Danseurs de l'humanité. C'était beau. 

enfin, ça n'a pas vriament changé.. Si ??