Retour du Prince de Verre
à peine arrivés à Nantes, et déjà sur le pied d'une danse qui ne cesse jamais. Un we de stage au CCN. Travaillons sur le Témoin, la pièce est toute chaude, logée au plus intime de nos gestes. Claude, Julien et Vincent se partagent le samedi, Elisabetta et moi le dimanche.
Nous retrouvons sur place Sabrina qui depuis le 1er octobre reprend le rôle de Lise dans le Prince de Verre avec Steven, Martin et Loïg qui nous annonce son départ prochain pour le Pérou. C'est un peu déchirant ces départ qui laisse une place vide. Bon voyage Loïg. Le temps d'accorder les mouvements, les intentions, les lumières et les peaux, et nous voilà repartis pour Rouen où nous dansons le Prince de verre à l'Opéra. Immense plateau, salle superbe et remplie à bloc le mercredi soir. Dehors, les lycéens gueulent le désaveu d'un état qui se fout de leur avenir, qui se fout de leurs demandes, qui se fout de leur présence. Dehors et dedans la même lutte pour un temps plus juste, une égalité des chances, une ouverture sur l'avenir, écoutez ! nous sommes vivants. Pleins d'espoir et de rêves, ne les brisez pas sans regarder. Sommes-nous condamnés à être bafoués sans cesse. L'art rejoint la rue dans un cri constant pour la liberté.
Le Prince de Verre s'est refait une mise en scène. Êpurée, simplifiée. Les objets se sont volatilisés, les costumes se sont simplifiés. Du coup la pièce gagne en poésie, en pureté d'une danse qui y retrouve une précision de propos, une netteté du geste. L'idée d'un voyage entre les tableaux qui se conjuguent par le décors, d'un échange d'énergie entre les danseurs se fait plus précise. La pièce reçoit un accueil unanime, émerveillé.
C'est peut-être un peu tard, la mise au point aurait du se faire dès la première à Chaillot, mais on se souvient des handicaps dus à l'accident à l'instant ultime.
Ainsi se décide parfois la vie d'une pièce, jugée trop tôt, trop vite, les erreurs ne se récupèrent plus.