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d'une danse rebelle et passionnée
15 octobre 2010

Raconter le Chili

Arrivée à Santiago, un peu désorienté. Non pas que nous soyons perdus, mais l’affectif est sollicité. Beaucoup . À l’aéroport nous attendent Teresa et Oriana, elles nous accompagnent à l’hôtel Foresta au pied du Cerro Santa Lucia. Ne serions nous pas dans la même chambre exactement que plusieurs années auparavant? Nous dînons rapidement dans un resto du coin, entre nouvelles du pays et nouvelles du pays.

Après la longue nuit réparatrice et une promenade dans le Cerro, nous constatons comme Santiago a changé. Et comme c’est différent de Bs-As. Plus d’air, moins de monde et les voitures qui s’arrêtent pour nous laisser traverser. Des passants sont plus ordonnés, plus affairés aussi. Sans doute le mot prend-il son sens véritable : celui des Affaires. Oriana dit que c’est ici la vitrine du capitalisme le plus libéral qui puisse être.

Les amis, les danseurs nous rejoignent, cela fleure bon le printemps dans la rue chilienne. Entre paroles et paroles, entre rires et embrassements.

Santiago 5-11 octobre

DanzaEspiral. Nous sommes attendus. Il y a des yeux qui s’ouvrent et des murmures qui suivent nos pas jusqu'à un double studio qui se divise en deux par un astucieux système de parois de bois. J’ai vu un peu la même chose au studio Béjart à Lausanne. Mais c’est moins vaste tout de même ici. Et qu’elle ambiance ! Celle de la danse. La danse et la musique, on bouge, on se plie, on yoga, on danse indienne, on danse africaine, on danse contemporainement, on parle, on écoute, on regarde. L’école de Danse Espiral est un haut lieu de Santiago. Elle développe un programme universitaire ; mais son origine est plus rebelle. Du temps de la dictature, en 1973, ce sinistre jour du 18 septembre, c’est ici que se sont regroupés les déchus, les gens de gauche en danger de mort, les interdits de créer et tant d’autres. Ceux qui ne sont pas partis en exil, qui n’ont pas eu la possibilité de s’enfuir, qui ont eu la force de continuer la lutte artistique malgré l’horreur. Regroupé avec Patricio Bunster et Victor Jara danseur de l’école à l’époque. Aujourd’hui encore ; Manuela Bunster, la fille Patricio Bunster, la belle fille de Victor Jara continue cette avancée. Parce que ici, danser, cela signifie encore et toujours lutter. Être avec, participer de la vie, bouger quoi !

Nous donnons trois ateliers de quatre heures, danse des chaises de Furtifs, barre au sol, corps à corps qui éveillent les passions, les pierres du Festin. Nous nous alternons Claude et moi, la barre, l’atelier, les traversées, les impros. Et puis une master class de deux heures avec la compagnie Espiral. Le niveau est bon après un départ timide, hésitant, un peu « qui es-tu, qui ètes-vous ? » on a vite compris l’entente. J’apprécie beaucoup la danse. Raymond, le maitre de ballet allemand qui vient de … de ? d’où vient-il ? peu importe, il est là. Je joue sur des qualités d’Éclats d’Absinthe et les repoussés de Folie, les attrapés de Phobos, les suspensions des deux amis. Le début est difficile, je ne sens pas, j’ai l‘impression d’être jaugé, jugé, mis au défi. Et puis je ne sais pas sur quel mouvement, mais un déclic se fait et le reste de la classe se passe à merveille.

Une correspondance merveilleuse qui dépasse les origines, les langues et les corps.

 

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